DOMAINE LÉON BOESCH – Matthieu Boesch
Un roigebrageldi, deux ballons, sinon rien !
Cap sur la route des vins d’Alsace ! Nous prenons un grand plaisir chaque semaine à faire déguster les vins du domaine Léon Boesch lors de nos ateliers J’ai enfin trouvé les clés de ma cave, Nuances de blancs et Nez et arômes du vin, sans oublier nos certificats 2 jours et 6 jours (éligibles au CPF). Il était donc bien naturel de vouloir en savoir un peu plus sur cette pépite, de découvrir leur vision écologiquement joyeuse de faire le vin, de leur amour inconditionnel et générationnel pour cette terre fertile qui leur rend bien.
En effet, depuis 1640, le Domaine Léon Boesch incarne une véritable saga familiale. Depuis 11 générations, la famille Boesch perpétue son savoir-faire viticole de père en fils, en créant des vins qui reflètent fidèlement le caractère du terroir.
Aujourd’hui, Matthieu Boesch et son épouse Marie assurent la direction du domaine, accompagnés de ses parents, Gérard et Colette, toujours engagés dans la vie du vignoble.
Ensemble, ils œuvrent chaque jour pour faire vivre cette exploitation familiale, guidés par une conviction forte : « la qualité d’un vin se construit dans le vignoble ».
Matthieu a eu la gentillesse d’accepter de répondre à quelques questions et lorsque je l’appelle, il était en pleine action d’ébourgeonnage (opération pour le soin de la vigne, qui consiste à supprimer les bourgeons superflus du pied de vigne, ndlr).
Où se situe votre vignoble et quelles sont ses particularités ?
Matthieu Boesch : Situé à Westhalten, au cœur de la Vallée Noble dans le parc naturel des Ballons des Vosges, notre vignoble bénéficie d’un environnement exceptionnel. Protégé des orages par le Petit et le Grand Ballon, culminant respectivement à 1267 et 1427 mètres, il s’épanouit dans une vallée en forme d’arène de 4 kilomètres de diamètre, à l’abri des vents dominants.
Des courants ascendants viennent effleurer nos coteaux, offrant des conditions idéales à la culture de la vigne. Ce climat favorable permet à nos parcelles de s’étendre jusqu’à 450 mètres d’altitude, sur un rayon d’environ 2 kilomètres.
Notre domaine compte 14,5 hectares de vignes dont 2,7 dans le Zinnkoepflé classé Grand Cru, 4 dans le Breitenberg, 1,6 dans le Clos Zwingel et 1,1 dans la colline du Luss.
« Un terroir d’altitude, entre fraîcheur et maturité »
L’altitude de notre vignoble, alliée à la proximité des sommets vosgiens comme le Petit et le Grand Ballon, permet des vendanges plus tardives. Les gelées fréquentes en altitude ralentissent le cycle de la vigne, prolongeant ainsi la maturation des raisins.
Situé au sud de l’Alsace, notre terroir bénéficie de journées chaudes suivies de nuits fraîches. Ce contraste thermique favorise une expression aromatique intense et une belle acidité naturelle, gages de fraîcheur, d’équilibre et de long potentiel de garde pour nos vins.
Pourquoi le choix du bio et de la biodynamie ?
MB : La qualité du vin naît dans la vigne !
Tout au long de l’année, nous apportons un soin attentif et bienveillant à nos vignes afin qu’elles révèlent pleinement leur potentiel. Le travail du sol est entièrement réalisé par labour, et les traitements sont limités à des substances naturelles : bouillie bordelaise, soufre, argiles, tisanes et préparations à base de plantes.
« La Biodynamie offre une boite à outils plus importante que le bio »
Nous enrichissons nos sols avec un compost maison, élaboré sur le domaine, en accord avec les principes de l’Agriculture Biologique et de la Biodynamie, selon la charte Demeter.
Parlez-moi des contenants d’élevage que vous utilisez.
MB : avant de vous parler des contenants, je vais évoquer l’écrin ; notre chai bio-climatique, inspiré par la nature.
Notre chai dit « bio-climatique » est conçu dans un profond respect de son environnement. Il s’intègre harmonieusement à la nature qui l’entoure, en minimisant son impact sur le lieu. Chaque élément de sa construction est issu de ressources locales : paille des environs, grès rose des montagnes voisines, bois des forêts alentours.
De ses fondations en forme de coquille d’escargot — assemblage précis de blocs de grès simplement posés les uns sur les autres — à son ossature en bois, en passant par ses murs en torchis de paille qui assurent également l’isolation, tout est pensé pour accompagner le vin dans son cycle naturel. Le toit végétalisé complète cette démarche en régulant naturellement température et hygrométrie, tout en respectant les influences lunaires et saisonnières.
Un atout supplémentaire : la souplesse de cette structure permet d’absorber les mouvements du sol ou les variations thermiques sans contrainte.
Pour les élevages, nous utilisons des foudres de 300 à 6000 litres) dont certains ont plus de 100 ans) qui vont permettre une lente micro-oxygénation.
Quels cépages cultivez vous ?
MB : Les cépages blancs couvrent 13ha et se répartissent ainsi : Sylvaner (8%), Riesling (27%), Pinot blanc (3%), Muscat ottonel (2%), Gewurztraminer (28%), Auxerrois (Lorrain/Alsacien pour les bulles) (15%) et Pinot gris (17%).
Nous produisons du rouge à base de Pinot Noir sur 1,75ha pour la cuvée Luss et les Jardins.
Comment décririez vous le style de vos vins ?
MB : Je dirais : fraîcheur, élégance et buvabilité. Ce qui me réjouit le plus, c’est que l’on me dise « D’habitude, on boit peu, mais hier, on a ouvert une de vos bouteilles et on l’a finie comme ça ! ».
Notre gewurztraminer « les fous » est désaltérant avec un nez envoûtant aux parfums de réglisse, de violette, d’ananas et de coing.
Le pinot noir « les jardins » est un panier de fruits rouges ! Une agréable fraîcheur qui apporte une touche aérienne et la finale est longue et gourmande.
On les savoure avec quoi ?
MB : Je vais répondre avec un accent très local ! J’adore aller dans les fermes auberges des agriculteurs de montagne où ils servent les plats typiques alsaciens. J’ai un faible pour les roïes (ou roigebrageldi) : des pommes de terre et des oignons en millefeuille, avec beaucoup de beurre, un plat cuit plusieurs heures servi avec du jambon fumé.
Un met réconfortant qui réclame la fraîcheur du Riesling « les grandes Lignes » voire le Pinot Noir pour ses notes fumées.
Vous n’oublierez pas de sitôt les cuvées du Domaine Léon Boesch, surtout si vous venez les déguster lors de nos ateliers dégustation.
Propos recueillis par Isabelle Johanet.