Mise sur le marché en 1974 par la société Monsanto, la plus populaire des molécules herbicides s’est rapidement imposée dans les pratiques agricoles des dernières décennies. Enquête sur l’utilisation du glyphosate et la viticulture française.
Lorsque des doutes sur les risques pour la santé et l’environnement commencent à apparaître dans les années 2000, le feuilleton du glyphosate est lancé.
Révélations, controverses, débats, rebondissements : la société est divisée sur la question de son interdiction et les politiques peinent à trouver une issue au dossier.
Pendant ce temps, de nombreux vignerons ont d’ores et déjà entamé l’« après glyphosate ».
Le glyphosate dans les vignobles
Les chiffres n’amènent pas toujours à une conclusion.
Alors que la demande des vins bio explose et que le nombre de conversions des domaines viticoles est en constante augmentation, l’INRA (Institut National de Recherche Agronomique), note dans son rapport sur le glyphosate et ses alternatives publié en novembre 2017, «une augmentation des quantités de glyphosate dans les vignobles français entre 2010 et 2013 de 8,4% ». Ce paradoxe illustre la difficulté du sujet.
Bien que les risques sur la santé et les dégâts environnementaux engendrés par le glyphosate soient de plus en plus avérés, de nombreuses structures restent dépendantes de la molécule.
Le glyphosate présente le double avantage d’être total et systémique : une efficacité couplée à un prix de vente très bas. Voilà qui explique la difficulté à verrouiller le dossier.
Qui dit compliqué ne dit pas impossible.
De nombreux vignerons réussissent à se passer du glyphosate et trouvent un marché auprès des consommateurs de plus en plus nombreux à soutenir leurs démarches.
L’enherbement pour lutter contre les mauvaises herbes
Une première solution est « d’intégrer le rôle positif que peut jouer la flore adventice dans l’équilibre des agro-systèmes », rapporte l’INRA.
Autrement dit, faire des mauvaises herbes des alliées, plutôt que des ennemies. Pour cela, les vignerons peuvent maîtriser le couvert végétal grâce à l’enherbement.
Il existe différentes modalités selon les conditions agro-climatiques et les objectifs viticoles du vigneron.
L’enherbement peut être réalisé sous le rang de vignes, en inter-rang ou un rang sur deux. Il peut-être hivernal, printanier ou estival. Il peut-être spontané ou en semis.
Quoiqu’il en soit, le concept est le même : empêcher le développement de la flore adventice en contrôlant l’enherbement.
Le travail mécanique du sol en remplacement de la chimie
Les vignerons souhaitant supprimer le glyphosate de leur boîte à outil travaillent désormais le sol mécaniquement.
Le désherbage mécanique présente en outre de nombreux avantages : travailler le sol de manière superficielle afin d’améliorer sa structure, favoriser la pénétration de l’eau dans le sol ou encore développer la vie microbienne indispensable à la nutrition de la vigne.
L’étude de l’INRA montre que la combinaison du travail du sol avec les techniques d’enherbement est la technique la plus efficace et privilégiée par les agriculteurs comme alternative du glyphosate.
Remplacer le glyphosate dans les vignes : c’est possible ?
Oui, rapporte le dossier de l’INRA. Mais la transition ne peut se faire sans investissement. Pour certains vignerons, dépendants structurellement et techniquement du glyphosate, les investissements peuvent être très importants.
D’un point de vue pratique cependant, les solutions existent et sont mises en œuvre dans tous les vignobles de France.
Le travail mécanique et l’enherbement sont des techniques qui demandent plus de temps de travail et plus de main d’oeuvre. Le coût de production est souvent plus élevé. Les vignerons ne sont donc pas les seuls à devoir faire des choix pour remplacer le glyphosate dans les vignes.
Le changement impacte toute la chaîne de consommation et chacun paie le prix d’un travail plus sain et durable.
Dégust’Emoi, à l’image de nombreux professionnels du vin, vignerons et consommateurs, sont déjà dans l’après glyphosate. Une transition en route, sans aucun doute.
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28 février 2019 à 17 h 09 min
Cela veut dire une augmentation du prix de la bouteille de quelques € . Le consommateur est il prêt à dépenser plus pour 1 produit de qualité identique ? On peut en douter ainsi que de la compétitivité avec les vins provenant d’autres pays. Cocorico j’en doute…
6 mars 2019 à 16 h 43 min
Supprimer le glypphosate c’est bien. Mais je crois me souvenir que dans le bordelais ce sont les traces de plus d’une trentaine de pesticides qui sont détectables ( herbicides, . Insecticides , corvicides ! ….) . Il y en a de la cochonnerie à éliminer.