Aurélien Béyéklian est formateur pour Dégust’Emoi dans le Grand Est de la France, sur les villes de Dijon, Lyon et Saint Etienne.
Quel est votre premier souvenir de vin ?
C’était chez moi, j’avais 13 ans, nous étions le 25 décembre et mon père sort une vieille bouteille de Bordeaux, des années 50.
Il m’a dit « je sais que tu n’aimes pas le vin, mais il faut que tu goutes celui-ci ».
Je me rappelle précisément mon impression.
J’avais pensé qu’au delà du gout, c’était incroyable de retrouver dans une bouteille un produit d’il y a 50 ans.
Pouvez-vous citer une rencontre qui vous a marqué/influencé dans votre parcours ?
Jean Guillaume Bret, du domaine La Soufrandrière à Macon.
C’était à l’époque où j’étais en BTS Viti-oeno. J’étais intéressé par une approche saine du vin, un peu tout ce qui touche à la bio et la biodynamie.
J’avais dégusté son vin que je trouvais magnifique. J’ai donc eu le culot de l’appeler.
Or, c’était juste avant Noël et c’était la course pour lui.
Nous avons donc convenu de nous recontacter, et c’est ce qu’il c’est passé : nous nous sommes vus, nous avons discuté et nous avons accroché.
Lui et son frère m’ont ouvert les portes du domaine la Soufrandrière et ils m’ont accueilli avec une classe hallucinante.
Selon vous, comment fait-on un bon vin ?
Avec beaucoup d’honnêteté.
Un vin peut avoir des défauts – du moment que ce n’est pas un défaut rédhibitoire – car un vin sans défaut ne me parle pas tellement.
Je pense que le vin est le résultat d’un millésime particulier, d’un travail particulier, d’erreurs particulières.
On peut toujours progresser et le vin est le symptôme de ce qui a pu se passer au vignoble ou à la cave.
Quel est votre meilleur souvenir de dégustation ?
Je me rappelle d’une demi-journée passée avec Olivier Zind-Humbrecht, en Alscace, pendant un voyage d’étude.
Il nous a parlé de biodynamie comme personne auparavant.
Avant lui, je pensais que c’était un peu quelque chose d’uluberlu consistant à regarder les étoiles.
Après lui j’ai compris que l’élaboration du vin commençait par la compréhension du sol.
Nous avons ensuite dégusté ces vins qui étaient exceptionnels.
Quel est votre cépage préféré ?
Question difficile car ce que j’aime, c’est la diversité des cépages.
Mais si je dois en citer un ou deux, la mondeuse et l’altesse, qui sont les cépages de ma région d’origine, en Savoie.
Je vais aussi aimer des cépages plus traditionnels comme la syrah.
En même temps, la syrah descend de la mondeuse, avec ses notes épicées, fruits noirs et cacao, ce n’est donc pas forcément une surprise.
Il y a une simplicité en plus dans la mondeuse que j’apprécie beaucoup.
Quels sont vos 2 vignobles préférés ?
La vallée de la Loire pour la diversité des vins qu’on y trouve : du chenin moelleux, du cabernet franc, des vins effervescents, des blancs, des rosés, des rouges.
J’ai trouvé dans la Loire des vins auxquels je ne m’attendais pas du tout.
Il y a aussi une grande diversité des régions, qui va de Nantes à Saint Etienne.
Ensuite je citerai la Savoie, qui est ma région d’origine et où j’aime aller fouiner.
J’adore le coté mauvais élève pendant très longtemps qui renait de ces cendres.
La Savoie sort aujourd’hui des vins extraordinaires qui explosent et c’est une région qui commence à être reconnue à sa juste valeur.
C’est un petit vignoble avec de petits vignerons, humbles dont j’aime l’honnêteté sans tous les artifices.
La Savoie, c’est un peu l’inverse d’autres vignobles : on n’en fait pas assez sur des vins qui le méritent vraiment.
Quel est votre accord mets et vins le plus réussi ?
Un curry de lotte avec un riesling d’Ostertag, un Muenchberg de 2015.
C’est une explosion en bouche. Le mix de la fraicheur incroyable du riesling et le coté épicé et un peu fort du curry en bouche avec la lotte, c’est un feu d’artifice en bouche.
Je me rappelle encore la tète des invités quand ils ont mélangé le plat et le vin, c’était un grand moment.
Quel vin emporteriez-vous avec vous sur une île déserte ?
Forcément du vin blanc du mâconnais car ce sont des vins qui me rappellent plein de choses.
Le vin amène une émotion instantanée quand on le boit, mais je me fiche un peu de chercher des arômes de fraises, de fleurs ou autre.
J’aime surtout les souvenirs que ça m’évoquent. D’un seul coup, je me revois chez ma grand-mère quand j’étais petit.
Elle faisait toujours de la compote de pommes et c’est cette odeur qui me ramenait à ce souvenir.
Que pensez-vous des vins proposés par Dégust’Emoi lors des cours ?
Il y a une grande diversité de vins qui m’a plu : un moelleux d’Alsace, un vin sec de Loire, un autre du Rhône. C’était très intéressant de pouvoir comparer les 3.
Sur les rouges, nous avons dégusté un vieux millésime de Bordeaux, un jeune Madiran très puissant et une mondeuse de Savoie. J’ai adoré faire découvrir la Savoie aux participants.
Et en plus, ce sont des vins propres dont beaucoup sont produits en bios et biodynamie, mais pas que.
Selon vous, quel est la valeur ajoutée des cours Dégust’Emoi ?
C’est une approche de la dégustation qui n’est pas trop académique.
Bien entendu, il y a une structure et une trame, mais ce qui intéresse Dégust’Emoi, c’est que les formateurs soient aussi vignerons.
L’idée des formations, c’est d’expliquer aux gens d’où vient le gout. Ce n’est pas juste un fruit, une fleur ou des tanins.
C’est tout ce que l’on peut partager autour du vin : des cépages, des vignobles, la cave.
Il me semble que ce sont des cours qui parlent aux gens qui ont envie de choses un peu plus décontractées.
Que souhaitez-vous transmettre aux participants des cours d’œnologie ?
Le vin est un produit très vivant, une partie de vie partagée à l’intérieur d’une bouteille dont il faut accepter les défauts.
Ce n’est pas juste un produit commercial.
La vie de vignerons c’est beaucoup de difficultés au quotidien et ils sortent des bouteilles qui ont l’avantage d’être différentes les unes des autres.
Je veux rassurer les participants : on a le droit de ne pas trop s’y connaitre pour discuter du vin sans être un expert.
Intéressé par un cours d’oenologie à Dijon ou Lyon avec Aurélien ? Dégust’Émoi vous propose toute l’année des ateliers pour débutants ou initiés : découvrez les bases de la dégustation, partez à la rencontre des grands crus de Bordeaux ou pourquoi pas, formez-vous le temps d’une journée d’initiation à l’oenologie en réservant tout simplement sur notre site.
Pour toutes questions ou demandes d’informations, n’hésitez pas à nous contacter par mail ou au 0810 009 847.