Les robots sont aux portes des vignobles. Poussés par un contexte qui leur est favorable, leur développement s’intensifie.
Certains y voient la solution d’avenir pour répondre aux problématiques de filière.
D’autres sont plus dubitatifs et méfiants.
Zoom sur un débat qui est en train de s’inviter dans la profession.
Demain, des robots dans les vignes ?
La robotisation des vignobles n’est plus un roman de sciences fiction.
Les robots viticoles se développent rapidement, sortent des laboratoires de R&D et commencent à arriver dans les vignes.
Le contexte leur est favorable : la remise en question de l’emploi des herbicides, dont le glyphosate constitue le symbole, la diminution de tous les produits phytosanitaires en général, le manque de main d’œuvre ou encore le besoin de diminuer les coûts de production.
Face à toutes ces problématiques, l’offre robotique se développe.
Des startups, des innovations personnelles, mais aussi des entreprises historiquement viticoles planchent aujourd’hui sur ces alternatives.
Les applications sont encore restreintes.
Ce sont majoritairement des robots de tonte ou de désherbage qui n’ont pas passé le stade de prototype.
Mais le futur proche pourrait aussi voir arriver des robots qui traitent les vignes aux UV ou encore des robots de taille.
La filière du vin voit dans les robots l’opportunité de réduire la pénibilité de travail sur des tâches répétitives et sans valeur ajoutée.
Avec, en bonus, la possibilité pour le consommateur de bénéficier d’un produit ayant reçu moins de pesticides.
La robotisation des vignes en débat
L’arrivée des robots dans les vignes ne fait pourtant pas l’unanimité.
De nombreux vignerons n’envisageront jamais de robotiser leur vignoble.
D’autres sélectionneront probablement les tâches qu’ils jugeront réalisables par un robot et dont la présence du vigneron n’est pas indispensable.
Certains « robotiseront » tout ce qui peut l’être.
Chacun avec ses arguments, qu’il présentera au regard d’un contexte socio-économique et technique qu’il lui est propre.
Petite revue des principaux arguments avancés par les parties.
Des robots pour diminuer les produits de synthèse
Les alternatives aux produits phytosanitaires -dont le débat divise aujourd’hui la profession- nécessitent généralement plus de technicité, de précisions, de temps de travail, de main d’œuvre ou d’investissement.
Les herbicides par exemple, qui permettent d’enlever l’herbe sous les pieds de vigne et de limiter une potentielle concurrence, sont des produits peu couteux et simple d’utilisation.
Si cette tâche peut aussi être réalisée mécaniquement, elle demande néanmoins plus de travail, des passages plus fréquents avec des outils de travail plus lourds et émetteurs en CO2.
C’est la raison principale pour laquelle de nombreux vignerons regardent avec espoir du côté des robots enjambeurs qui désherbent sous le rang.
Equipés de capteurs et guidé par GPS, ces robots se déplacent de manière autonome dans les parcelles de vignes et passent avec des outils de travail du sol qui permettent le désherbage.
Mais il n’y a pas que le désherbage qui intéresse les vignerons.
Tous les traitements ne nécessitant pas particulièrement l’œil averti du vigneron pourraient être remplacé à terme par des robots.
Ainsi, un robot, encore au stade expérimental, pourrait traiter les vignes la nuit avec des panneaux émetteurs de rayons UV.
Ces rayons permettraient de tuer le champignon responsable du mildiou, sans avoir recours à aucun produit de synthèse.
Une révolution du métier de vigneron
La robotisation du vignoble pourrait constituer en soi la plus importante révolution du métier de vigneron.
Mais, s’il ne fait aucun doute que la révolution est en cours, il reste néanmoins de nombreux freins à lever avant de voir des équipes de robots se déplacer dans les vignes.
Les robots ne pourront jamais se substituer au jugement des vignerons, à leur subjectivité ou à leur ressenti.
Ils ne pourront être plus qu’un outil accomplissant une tâche de manière identique, quelle que soit la parcelle, le cep de vignes ou le sol.
Certains vignerons s’inquiètent ainsi que la robotisation conduise à une standardisation du travail de la vigne, à l’instar des technologies utilisées en vinification.
En outre, tous ces robots sont pilotés et suivis à distance par le vigneron à travers son smartphone.
Eloignés de la vigne et de sa terre, le vigneron devient « un pilote » travaillant davantage sur la gestion logistique et l’organisation de ses robots, un utilisateur de nouvelles technologies qui doit du reste acquérir des connaissances en robotique pour pouvoir réagir rapidement sur les machines.
C’est le cœur même de son métier qui pourrait être complètement transformé.
Il se pose également le problème du prix des robots.
Ceux-ci nécessitent d’importants investissements et ne pourront être accessibles à tous.
Le risque à venir est de creuser encore plus la différence des coûts de production entre les différentes structures où ceux qui n’en ont pas les moyens perdront probablement en compétitivité.
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