« Le vigneron pleure trois fois dans l’année : en avril parce qu’il a peur du gel ; en août parce qu’il a peur de la grêle ; en octobre, parce qu’il manque de barriques… »
La vigne est un élément vivant et se révèle souvent extrêmement réceptive aux températures très basses.
Au printemps, lorsque les températures remontent, les premières feuilles et les premiers bourgeons font leur apparition. Les bourgeons peuvent supporter jusqu’à -3°C, mais au-delà, ils risquent de geler : la sève, riche en eau, va geler, et « brûler » les tissus embryonnaires de la fleur ou des feuilles. C’est cela qui provoque la mort de plusieurs parties de la plante.
Les épisodes de gel et de froid représentent une menace sérieuse pour les viticulteurs, pouvant entraîner des pertes considérables en un laps de temps très
court. Imaginez : le 3 mars, le temps se réchauffe : vous enlevez votre doudoune, la vigne sort ses bourgeons. Quelques jours plus tard, la température chute sévèrement.
Vous remettez la doudoune… mais la plante, elle, n’a « rien à mettre » pour se réchauffer toute seule !
Heureusement, des solutions existent pour aider les vignerons à contrer les effets du gel. Voici quelques-unes des méthodes les plus couramment utilisées :
Bougies chauffantes ou chaufferettes :
Les bougies sont allumées dans les vignes pour générer de la chaleur et ainsi prévenir le gel. Entre 0°C et -2°C il est possible d’utiliser des chaufferettes ou des bougies de paraffine, installées tous les dix mètres environ, un rang sur deux, pour réchauffer l’air. Ce système est efficace quand le vent est faible.
Les brûleurs à propanes :
C’est une méthode plus accessible financièrement, plus automatisable et moins polluante. Il s’agit d’utiliser des brûleurs à propane au sein du vignoble de façon à ce qu’ils réchauffent l’air. Il faut compter 150 brûleurs par hectare.
Aspersion :
L’eau est pulvérisée sur les vignes pour former une couche de glace protectrice, qui protège les bourgeons du gel. Ce système permet de recouvrir le bourgeon d’une poche de glace, sans que l’eau dans les bourgeons ne gèle grâce au phénomène de surfusion. Avec une aspersion de 1,5 à 2,5 mm d’eau par heure, il est possible de réchauffer les bourgeons jusqu’à des températures de -6°C.
L’air froid pèse plus lourd que l’air chaud. Il a donc tendance à stagner au niveau du sol, ce qui aggrave les risques de gel. Pour y remédier, il est possible d’utiliser des éoliennes ou des hélicoptères. Les hélices brassent l’air, plus chaud en altitude, et le plaque au sol. Les couches d’air sont ainsi mieux réparties, ce qui permet de réchauffer les bourgeons.
Les éoliennes :
Elles sont ici utilisées comme des brasseurs d’air. En effet, ces petites étoliennes de 11m de haut, en brassant l’air, vont diriger l’air situé au-dessus des vignes vers les ceps. Cet air, un peu plus chaud, permet alors de réchauffer les vignes.
Les hélicoptères :
Autre technique de brassage de l’air, l’hélicoptère agit de la même manière que l’éolienne. Si la méthode est très efficace, elle reste onéreuse, mais surtout dangereuse, car l’hélicoptère vole à basse altitude, à 20 mètres au-dessus du sol seulement, et avec peu de visibilité (à l’aube, avant le lever du soleil).
Ces techniques peuvent être utilisées seules ou en combinaison, en fonction des conditions météorologiques et de la taille du vignoble. Le problème est que l’activation de ces moyens de lutte a souvent un coût important. Un coût financier, bien sûr, mais aussi un coût en termes de temps.
Si vous souhaitez en savoir plus sur le travail de la vigne, venez découvrir les cours de Dégust’Emoi
Rédactrice : Isabelle Johanet