Château Doyac – Famille de Pourtalès : audace, transition et terroir

Depuis quelques semaines, je partage la joie de déguster le Château Doyac et son Pélican lors de nos cours les bases de la dégustation, Bourgogne vs Bordeaux et de la formation certifiante Le Certificat de Dégustation (éligible au CPF).
J’étais donc curieuse d’en apprendre davantage sur ce domaine d’exception, de comprendre leur approche du vin, à la fois joyeuse et profondément respectueuse de l’environnement. Et surtout, de saisir l’amour viscéral, transmis de génération en génération, qu’ils portent à cette terre généreuse qui le leur rend si bien.
Du tumulte des marchés financiers aux rangs de vigne du Médoc, il n’y a parfois qu’un pas. Max de Pourtalès l’a franchi en 1998, en rachetant le Château Doyac, situé à Saint-Seurin-de-Cadourne, juste au nord de Saint-Estèphe. Ancien financier passé par l’Allemagne et la France, il décide de changer de vie après son mariage avec Astrid qui évoluait dans l’univers du théâtre et de la danse à New-York. Trois mois après leurs noces, le couple s’installe dans le Bordelais, où Max entame des études de viticulture et d’œnologie.
Ensemble ils ont un coup de cœur pour ce magnifique vignoble dont les origines sont anciennes comme en témoigne le « Bordeaux et ses vins » des Éditions Féret de 1850, et font l’acquisition du domaine et de ses 34 hectares d’un seul tenant. Une nouvelle aventure commence…
Leur fille Clémence a rejoint l’aventure familiale en 2016, après l’obtention de son Diplôme National d’Œnologue. Avant cela, elle s’était construite une solide expérience sur le terrain, notamment au sein des domaines Phélan-Ségur, Lynch-Bages, ainsi qu’en Nouvelle-Zélande.
Cette famille forme une véritable équipe, unie par la passion et la détermination. Une équipe qui a vite compris que, pour durer dans un univers aussi exigeant que celui du vin, il faut savoir se réinventer sans cesse.

Max, Clémence et Astrid de Pourtalès
Astrid a accepté, avec beaucoup de gentillesse et de bonne humeur, de partager avec moi sa passion et son amour pour ce lieu magique.
Quelles sont les cépages que vous cultivez ?
Astrid de Pourtalès : « Niché sur de belles croupes argilo-calcaires et de douces pentes exposées plein sud, le vignoble est planté à 60 % de Merlot, 30% de Cabernet Franc et 10 % de Cabernet Sauvignon. Âgées en moyenne de 20 ans, les vignes puisent dans ce terroir calcaire toute la fraîcheur et la finesse des grands vins de Bordeaux. Depuis l’acquisition du domaine en 1998, un programme de replantation a été mené en tenant compte de la nature du sol, favorisant ainsi une forte proportion de Merlot. Désormais, l’introduction progressive du Cabernet Franc vise à enrichir la structure des vins du Château Doyac, en apportant profondeur et équilibre.
En 2017, Clémence a introduit une parcelle de Sauvignon Blanc, à l’origine de la micro-cuvée « Le Pélican », un blanc confidentiel et prometteur. Dans un esprit d’exploration, le domaine a également lancé une gamme de mono-cépages, avec un hectare planté en Chardonnay et un autre en Pinot Noir. »
Quelle est votre approche face aux enjeux environnementaux (bio, biodynamie, nature, etc.) ?
AdP : « Notre objectif est bien précis, celui d’obtenir un raisin sain et mûr. Saison après saison, nous restons attentifs à notre terroir, à la vigne et à l’équilibre de son écosystème. Un ensemble vivant que nous nous efforçons d’accompagner avec respect, précision et exigence.
En 2015, nous avons choisi de convertir l’ensemble du vignoble à l’agriculture biologique, avant de passer à la biodynamie — une démarche reconnue par les labels Demeter en 2019 puis Biodyvin en 2022.
Cornes prêtes à être enterrées pour la préparation 500
En février 2023, quatre nouvelles recrues ont fait leur entrée au domaine : Ginger, Prêle, Ortie et Tirelire, nos cochons Kune-Kune. Grâce à leur petite taille et leur tempérament docile, elles désherbent naturellement entre les rangs de vigne, remuant la terre avec leur groin sans abîmer les sols. Leur efficacité est redoutable… à tel point que le plus dur, finalement, reste de déplacer les clôtures à leur rythme !
Mais attention : elles raffolent des feuilles de vigne. Alors, dès que la vigne commence à se charger, on les garde à l’écart jusqu’aux vendanges.
Quant à nos poules, elles vivent en liberté sur le domaine. Elles contribuent à l’équilibre naturel en fertilisant le sol et en régulant la population d’escargots. »
Parlez-moi des contenants d’élevage que vous utilisez.
AdP : « L’élevage se fait en barriques pendant 12 mois, dont 20% de barriques neuves chaque année. L’essai en jarres s’est révélé très qualitatif (le mouvement vortex permet de soulever les lies et d’affiner les tannins), alors nous avons opté pour des jarres Tava de 750 litres et des Vins&Terre.
Jarre Vin&Terre
Doyac élevé 25% amphore, 25% cuve bois de 20hl (foudre) et le reste barrique bordelaise.

Clémence bâtonne
Le résultat est excellent : la complexité aromatique des fruits noirs alliée à la finesse des tannins ! »
On les savoure avec quoi ?
AdP : « Doyac 2019 offre une jolie texture, des tannins fins avec beaucoup de charme et j’adore l’associer à une côte de bœuf ou du porc kakuni (plat japonais mijoté) et bien sûr une pizza sortie de notre four napolitain que nous avons installé dans notre salle de dégustation ! »
Le Pélican rouge est très gourmand et idéal avec des plats d’été comme un taboulé ou une salade de pâtes.
Château Doyac : un terroir remarquable, une famille passionnée, des pratiques culturales respectueuses de l’environnement et une créativité constante. Une belle adresse pour les amateurs de vins de caractère, en plein Médoc.
Article rédigé par Isabelle Johanet.