La plus belle conquête de l’homme a-t-elle toujours été le meilleur allié du vigneron ?
I.Avant l’après-phylloxéra : absence du cheval dans les vignobles
On pourrait penser que le cheval a toujours été utilisé dans les vignes, mais c’est une erreur ! Il a fallu attendre l’après-phylloxéra pour voir ces animaux participer aux travaux des vignobles.Avant que l’insecte ravageur n’attaque, les vignes étaient plantées « en foule » (c’est-à-dire en pagaille) et à des densités élevées. Ces plantations, réalisées de manière aléatoire par marcottage, rendaient impossible le passage d’un cheval. Seul le vigneron pouvait y pénétrer avec ses outils.
De plus, le coût économique d’un tel animal ainsi que le temps nécessaire pour s’en occuper en faisaient un auxiliaire relativement rare pour les vignerons.
C’est la replantation des vignes en lignes, avec des piquets et des fils de fer, le palissage après la crise du phylloxéra, qui a rendu l’utilisation de chevaux possible dans les vignobles. Ces animaux étaient en réalité le signe d’un vignoble en pleine modernisation.
II.Après la crise du phylloxéra : introduction et modernisation avec le cheval
Le tracteur s’est rapidement généralisé après la Seconde Guerre mondiale, ce qui signifie que l’utilisation du cheval n’a connu qu’une courte période de gloire. Par conséquent, le recours au cheval dans les vignobles ne relève en aucun cas d’une tradition séculaire. Alors, pourquoi ce retour à la tradition du cheval de trait aujourd’hui ?
Malgré son coût plus élevé, sa vitesse réduite et son efficacité parfois limitée, le travail de la vigne à cheval représente une approche remarquable en termes d’efficacité agronomique. Il offre des moyens permettant de respecter et de
valoriser les terroirs. Plus précis, plus écologique et plus respectueux de l’environnement, l’utilisation du cheval permet de valoriser la production à divers niveaux.
III.Retour moderne du cheval : efficacité agronomique et respect du terroir
Pour éviter le tassement des sols, qui peut asphyxier et réduire la durée de vie des pieds de vigne, il est nécessaire de supprimer le couvert végétal sous les ceps. Pour cette tâche, le travail de décavaillonnage est très apprécié, et c’est là
que le cheval trouve son utilité. Contrairement aux tracteurs qui risquent d’accrocher et d’arracher facilement un pied de vigne, le cheval perçoit la résistance et s’arrête.
La principale valeur ajoutée de la traction animale dans les vignes réside dans sa capacité à traiter chaque rang de vigne et chaque pied de manière presque individuelle. C’est un avantage significatif si l’on souhaite éviter d’endommager trop de pieds de vigne, en particulier lorsqu’on travaille avec des vieilles vignes qui donnent des grands vins. L’animal est intéressant dans des parcelles difficiles d’accès, ou biscornues.
En utilisant le cheval, le vigneron élimine le besoin de désherbants chimiques. Cette solution présente un bilan carbone neutre car aucune énergie fossile n’est utilisée. De plus, cela permet d’éviter l’utilisation d’outils motorisés, réduisant ainsi la consommation de carburant et de lubrifiants.
Le tracteur tasse le sol et empêche la racine de descendre dans la terre. Utiliser la traction à cheval dans les vignobles favorise également la circulation de l’air et de l’eau dans le sol, ce qui crée une structure de sol plus adaptée aux vignes.
En améliorant l’infiltration de l’eau, le sol peut constituer des réserves en profondeur, ce qui améliore l’alimentation en eau et limite le ruissellement des excès de pluie. Cela permet aux vignes d’exprimer pleinement leur potentiel.
Certes, avec un coût de 6.000€ maximum pour une bête formée, il est bien moins cher qu’un tracteur (environ 100.000 €). Mais la machine reste bien plus efficace… et exige moins de soin. Le cheval demande un entretien 365 jours par
an pour cinq ou six heures de travail par jour.
Forts, calmes et endurants, les chevaux de traits doivent être formés et pas “tout fous”. Aux yeux des praticiens, il apporte au vigneron une terre encore plus souple et vivante, une meilleure connaissance de son terroir et une belle énergie !
Si vous souhaitez en savoir plus sur le travail des vignerons venez découvrir les cours de Dégust’Emoi.
Rédactrice : Isabelle Johanet