Quelques mois après son inauguration en grande pompe à Bordeaux, la Cité du Vin lance une série de débats liés à l’actualité du vin baptisée « C dans le Vin ».
En partenariat avec l’école Kedge Business School, le premier opus s’est déroulé mardi 11 octobre sur le thème « Le prix du vin est-il un gage de qualité ? ».
Dégust’ Émoi Le Blog met le sujet sur la table à son tour.
Le prix est-il trompeur ?
De l’avis des consommateurs, le vin le plus cher sera d’emblée souvent considéré comme le meilleur.
Pourquoi ? Parce que les soins prodigués au vin et la qualité du travail sont perceptibles de façon plus forte et naturelle si le coût de la bouteille est élevé.
D’une part, la qualité coûte cher (travail des sols, élevages patients, vendanges manuelles, etc), et ce travail est engagé dans le but d’obtenir le meilleur résultat.
Le prix serait alors un indice de savoir-faire et de qualité.
D’autre part, la dégustation de certains vins donne plus l’impression d’un coût reposant sur la « marque » que sur l’authentique qualité du travail fourni.
Bien qu’il soit un marqueur, le prix n’est ni le seul critère d’achat, ni le garant de la qualité d’un vin.
Par ailleurs, la subjectivité est un facteur très important dans l’appréciation d’un flacon.
Aussi le contexte de dégustation (le moment, l’endroit, la compagnie) ainsi que l’idée que l’on se fait par avance du vin jouent un rôle crucial dans l’évaluation d’un vin.
Le prix du vin : Un outil de distinction sociale
Le vin est un bien d’expérience, c’est à dire un produit dont la qualité ne sera appréciée par le consommateur qu’après son achat.
De plus, il est devenu au fil du temps une denrée de « luxe ».
Il répond de ce fait à des normes distinctes des biens de consommation courante.
Le « facteur prix » influence fortement l’appréciation d’un vin.
Une bouteille plus chère confère à celui ou celle qui la détient une forme de distinction sociale.
Le mécanisme de l’offre et de la demande fonctionne dès lors de façon différente des biens courants : l’augmentation du prix d’un flacon rend celui-ci plus désirable, renforce son attractivité.
Ainsi les classes supérieures ne manquent pas à l’appel lorsqu’il s’agit de dépenser des sommes parfois astronomiques pour acquérir les plus grandes bouteilles venues du Médoc ou de la Côte de nuit.
À qui faire confiance ?
Si la dégustation d’un vin n’est pas une science exacte, les experts en la matière (œnologues, cavistes, guides du vin) possèdent en règle générale un avis plutôt fiable.
D’autant plus si l’on considère l’étonnante complexité de ce produit et la riche diversité qui le compose.
Le coût est pourtant souvent synonyme d’excellence.
Selon l’American Association of Wine Economists (AAWE), au cours des dégustations à l’aveugle, prix du vin et notes attribuées à celui-ci grimpent ensemble.
Les spécialistes donnent en moyenne des notes supérieures de 7 points (sur une échelle de 0 à 100) aux vins dont le prix est dix fois plus élevé.
Pour autant, il existe de nombreux cas ou le vin gagnant n’est pas le plus cher, et où les experts « se trompent ».
Inconnu deux décennies plus tôt, le désormais célèbre Clos Rougeard (Saumur-Champigny) s’était fait remarqué en sortant premier d’une dégustation à l’aveugle des meilleurs… Pomerols !
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Photos : Patrick Janicek et Dale Cruse