Vous avez dit nouveau ?
Vin charmeur dégusté seulement deux mois après les vendanges (le troisième jeudi de novembre), le Beaujolais Nouveau est attendu avec impatience et est devenu en plus de cinquante ans, un véritable phénomène dans le monde entier.
L’histoire derrière le Beaujolais Nouveau
Origines et évolution
Au XIX ème siècle, la consommation de vins augmente constamment, surtout dans les villes. Quelques négociants achètent le vin « sous le pressoir » (dès qu’il est disponible) et fournissent les débitants et cafetiers de Lyon et de Paris. Après la seconde guerre mondiale, le Beaujolais connait un essor sans précédent et la macération carbonique (spécifique au Beaujolais, lire notre article sur ce sujet) permet d’obtenir des vins fruités et légers, charmants rapidement après les vendanges.
En février 1945, l’Union viticole du Beaujolais, demande de pouvoir sortir les vins avant la date officielle du 15 décembre (prévue par les cahiers des charges des AOC) arguant que ce sont des vins à boire jeunes et rapidement.
Cette demande qui aboutit le 13 novembre 1951, avec la parution d’une note administrative précisant les conditions « dans lesquelles certains vins à appellation contrôlée peuvent être commercialisés dès maintenant sans attendre le déblocage général du 15 décembre prochain ».
L’ascension du Beaujolais Nouveau
Dès lors, les appellations « Beaujolais », « Beaujolais Villages » peuvent être commercialisés dès la mi-novembre et entre 1951 et 1966, la date est flottante : 3 novembre, 1 er novembre… ce qui n’est pas toujours facile. Une date fixe est réclamée ; ce sera le 15 novembre. Petit souci, le 15 novembre tombe parfois un dimanche, un lundi et il devient alors impossible de faire établir les congés (autorisation de circulation) et d’assurer les transports le week-end.
Ainsi est né officiellement le phénomène Beaujolais nouveau le troisième jeudi du mois de novembre relayé par une forte communication (presse, télévision, voire la politique). Ce vin différent, apte à séduire une clientèle jeune connaîtra véritablement le succès à partir de 1962. Son terroir, son cépage (le gamay), sa méthode originale de vinification en font un vin unique, symbole de rassemblement populaire en ce mois tristounet de novembre.
De 1000 hectolitres en 1956, la production atteindra 300 000 hl en 1979 et en 1998 ; 1 400 000 hectolitres dont la moitié est exportée (le Japon, le Canada, les États-Unis…l’attendent aussi avec impatience).
L’impact du Beaujolais Nouveau
Le souci de cette puissance publicitaire est qu’il est devenu saisonnier et le « Beaujolais Nouveau » a fini par faire de l’ombre à ses grands frères « Beaujolais », « Beaujolais Villages » et les 10 crus : Saint-Amour, Juliénas, Chénas, Moulin-à-Vent, Fleurie, Chiroubles, Morgon, Régnié, Côte-de-Brouilly et Brouilly.
Alors, même s’il est remarquable que ce soit le seul produit fêté au même moment dans le monde entier, n’oublions pas de faire la part belle aux autres nectars de cette magnifique région !
Si vous souhaitez en savoir plus sur le Beaujolais (pas que nouveau) et ses crus, venez découvrir les cours de Dégust’Emoi.
Rédactrice : Isabelle Johanet