Premier d’une série de 4 articles, ce billet revient sur les origines de la viticulture, à la source même de la production du vin.
Un produit considéré depuis l’Antiquité et dans toute son histoire comme une richesse et la preuve de noblesse d’une civilisation.
De l’origine inconnue des cépages ?
Le berceau des cépages cultivés aujourd’hui en France reste à ce jour inconnu.
Il existe plusieurs hypothèses, certaines plus plausibles que d’autres, mais aucune affirmation.
Il semblerait que les cépages soient originaires de l’orient, dans les régions de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan.
L’étude des cépages de l’Italie antique laisse penser qu’il y a eu un transfert de plants depuis la mer Egée jusqu’à la péninsule.
Mais, si le scénario est concevable pour les cépages méditerranéens, la question de leur adaptation aux climats de l’Anjou ou de la Champagne est encore une question sans réponse.
Une hypothèse suggère que certains cépages, parmi les plus septentrionaux, présentent des similitudes avec les lambrusques de l’Europe.
Malheureusement, la crise du phylloxéra a détruit de nombreuses espèces de lambrusques, et la réponse est aujourd’hui difficile à trouver.
La taille permis la naissance de la viticulture
La viticulture, cet art de faire pousser la vigne afin de produire des raisins aptes à leur consommation, est apparue avec la pratique de la taille.
Une pratique qui viendrait elle aussi de l’Orient méditerranéen.
L’Histoire raconte que la taille a été suggérée à l’Homme par le comportement animal.
Des villageois auraient remarqué que lorsqu’un âne broutait les sarments d’une vigne, les raisins qui poussaient la saison d’après étaient meilleurs.
Mais, que ce soit dû au hasard ou à l’observation du monde animal ou végétal, les vignerons antiques n’ont bien commencé la viticulture que lorsqu’ils ont taillé la vigne.
En effet, laisser croitre naturellement une vigne lui permettra certes de vivre plusieurs siècles, mais cela sans produire de vin.
Le vin : ce métal précieux de la civilisation grecque
La colonisation grecque est à l’origine du commerce du vin et de son implantation dans différents territoires, avant même que celle-ci n’arrive en Gaule.
Le vin s’échange contre des esclaves.
Il représente donc une grande richesse pour ces civilisations, qui, pour simplifier les échanges, ont amené la production de vin au voisinage immédiat des peuples qui l’achètent à haut prix.
Le vin, produit de la viticulture, a pris la valeur d’une monnaie en Grèce Antique, similaire dans les échanges à du métal précieux.
Cette noblesse du vin se retrouve dans la mythologie et la littérature grecque, notamment à travers le dieu Dionysos.
Les romains amènent le vin en Gaule par Narbonne
Eclairés du modèle de la Grèce Antique, les Romains se sont à leur tour faits les promoteurs de la viticulture, avec une logique très proche de celles des Grecs plusieurs siècles avant.
Les territoires occupés convoitent un vin qu’ils ne savent pas produire, et les occupés sont prêts à échanger des esclaves contre du vin.
Face à ce marché d’une incroyable richesse, les romains repoussent les limites du vignoble pour produire le vin au plus près des lieux de vente.
Les 2 productions, les plus précieuses de l’agriculture méditerranéennes sont alors : l’huile d’olive et le vin.
Oliviers et vignes sont donc introduits à Narbonne au 1er siècle de notre ère.
Mais la production narbonnaise ne suffit pas à répondre au marché de la Gaule et l’importation de vins italiens reste très importante.
Les fleuves : des voies d’expansion pour la vigne
Pour les romains, la viticulture est indissociable de la culture de l’olivier.
S’ils ont vu, sur le littoral méditerranéen gaulois, une végétation proche de celle connue en Italie, ils ne conçoivent pas, en remontant vers le nord, qu’il soit possible d’implanter la vigne dans des paysages inadaptés à l’olivier.
L’expansion du vignoble vers le nord est donc, à cette époque, limitée par celle de l’olivier.
Le commerce du vin, produit à Narbonne, se fait par deux voies : le seuil de Naurouze et le couloir rhodanien.
Petit à petit, le long de ces voies maitresses, la vigne s’implante.
Car le transport est une charge financière, et la production au plus près des lieux de vente permet aux marchands d’augmenter leur compétitivité.
Une limite septentrionale sans cesse repoussée ?
Il y a presque 2 000 ans, les romains ont repoussé la limite nord du vignoble de leur empire.
Les terroirs frontaliers du nord étaient Gaillac, Côtes-Rôties et Hermitage.
Bordeaux, du temps de l’empire romain, était une place de commerce très privilégiée de par son ouverture sur l’océan et les accès aux Iles Britanniques.
Mais, faire pousser des vignes à Bordeaux ?
Cela était pour nos ancêtres les romains une hérésie, compte tenu du climat océanique, alors considéré comme incompatible à la culture des nobles oliviers et vignes.
La suite prouvera qu’il y a des certitudes qui ne résistent pas au temps.
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24 avril 2020 à 7 h 27 min
Merci pour ce très bon article.