Des AOP aux problématiques environnementales.
L’histoire contemporaine de la vigne et du vin en France est d’abord marquée par la renaissance du vignoble après la crise du phylloxera.
Mais cette renaissance fut compliquée et de nombreuses années de bouleversements majeurs y ont fait suite.
Les solutions apportées ont amené, entre autre, la création des Appellations d’Origines Protégées (AOP), qui ont permis la montée qualitative de vins sur de nombreux vignobles.
Après le phylloxera, le marché du vin bouleversé
Au XIX° siècle, la production de vins atteint des records en France.
Des maladies jusqu’alors inconnues pour la vigne compliquent la viticulture : après la pyrale et l’oïdium, le phylloxera détruit une grande partie du vignoble.
Il faudra plusieurs années à la filière pour se remettre de cette crise historique.
Mais, alors que la production chute considérablement, le développement du transport augmente la concurrence sur les vins français.
Pour répondre à la demande, les négociants s’approvisionnent de plus en plus de l’autre côté des frontières.
La filière du vin se retrouve confrontée à deux problématiques majeures : la fraude se généralise dans l’élaboration des vins afin de répondre à la demande.
L’offre de vins augmente considérablement et entraine un effondrement des prix.
Les révoltes vigneronnes du début du XX° siècle
La chute des prix et les pratiques frauduleuses conduisent les viticulteurs du midi au bord de la famine.
Leur situation va conduire aux révoltes vigneronnes de 1907.
Si celles du Languedoc, aux conséquences mortelles, sont les plus célèbres, de nombreuses autres régions viticoles se sont également soulevées.
Les 19 et 20 juin 1907, 5 manifestants languedociens meurent sous les balles et la crise de la filière est à son apogée.
Les languedociens réclament, entre autre, une réglementation sévère sur la pratique de « chaptalisation » et une taxe sur le sucre – cette pratique ayant conduit à une production considérable de vin de faible qualité. Ils obtiennent gain de cause.
Création des appellations
Les révoltes vigneronnes ont posé un cadre réglementaire et développé une philosophie d’encadrement de production de vins par les pouvoirs publics toujours en vigueur aujourd’hui, Malgré tout, elles n’ont pas réussi à endiguer les pratiques frauduleuses qui ont continué à se multiplier sur tout le vignoble français.
A tel point que de nombreuses régions viticoles ont réclamé la réglementation sur les limites géographiques de production, qu’elles obtinrent par la loi du 6 mai 1919.
Cette loi, qui ne régit que les limites de production dans un cadre géographique, est suivie par de nombreuses années de discussions et de débat qui aboutirent en 1935 à la création des Appellations d’Origines Contrôlées (AOC).
Les appellations encadrent non seulement les frontières géographiques de production, mais intègrent également des savoir-faire, des modes production, des encépagements spécifiques par territoire.
Milieu du XX° siècle : mécanisation du vignoble
Les années d’après-guerre et le milieu du XX° siècle, la viticulture, tout comme l’agriculture, entre dans une course aux rendements.
Il faut produire et intégrer les progrès de la science dans les itinéraires de production. Le vignoble se mécanise.
La machine à vendanger fait son apparition dans les années 1970.
La chimie intervient au secours des différentes maladies du vignoble. L’herbe est bannie des parcelles de vignes.
Des vignes sont plantées sur tous les territoires et les régions de France produisent de plus en plus de vins.
En réaction à une production trop importante et une baisse de la qualité des vins, les différents terroirs se réorganisent et les pouvoirs publics interviennent.
Les primes à l’arrachage conduisent à la disparition de nombreux vignobles non qualitatifs ou sans débouchés commerciaux.
Les productions diminuent pendant que l’encépagement s’oriente vers de nouvelles variétés, plus adaptées aux terroirs et moins productives.
Les régions viticoles obtiennent de plus en plus d’AOC : c’est le renouveau pour les Corbières, de nombreuses appellations du Sud-Ouest et du Languedoc.
La production devient qualitative sur tout le territoire.
De nouveaux défis à relever pour la filière vin depuis les années 2000
Ces dernières années, le vin s’est internationalisé, les modes de consommation ont changé, l’ouverture du marché a donné lieu à une concurrence féroce et les problématiques environnementales se sont imposées dans les filières.
A quoi ressemblera le vignoble de demain ?
Si personne ne dispose de boule de cristal, les experts s’accordent néanmoins sur une perte de vitesse des appellations et une montée en puissance des labels verts et des certifications environnementales.
Le changement climatique pourrait être le prochain bouleversement majeur que connaitra le vignoble. Beaucoup s’y prépare déjà.
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Crédit photo : Manon Mouly, tous droits réservés